LE TREMBLEMENT DE TERRE

En ce 25 avril 2015, nous voici enfin en route pour le Tibet. Le reste des affaires, parmi les nombreuses nécessaires pour une expédition sur les plus hauts sommets du monde, est prêt. La joie est dans nos cœurs. 
Le paysage défile au gré des kilomètres confortablement assis dans la jeep qui nous mène jusqu'à la frontière où il nous faudra transposer nos affaires pour passer la frontière et prendre ensuite un véhicule chinois. 
La météo est changeante mais la chaleur est au rendez-vous dans les altitudes inférieures à 1200 mètres. 

A quelques kilomètres seulement avant de rejoindre le dernier village népalais, après plus de 4 heures de trajet, la route devient carrossable et nous apercevons ce qui reste du terrible glissement de terrain qui a englouti un village entier à la fin de l'été de l'année dernière. 5' plus tard, la route nous semble soudain vraiment chahutée. Nous n'avons pas le temps de nous poser plus de questions que de gros blocs de pierre dégringolent en visant directement notre jeep...nous avons juste le temps de sauter de la voiture et de courir en essayant de trouver refuge, pensant à un nouveau glissement de terrain. Mais très vite en regardant autour de nous, nous nous apercevons qu'il ne s'agit pas d'un glissement de terrain...mais d'un fort tremblement de terre.
Étant proches d'un petit village, dans le stress de trouver au plus vite où nous abriter, nous constatons que de nombreuses habitations sont détruites. Nous nous mêlons à la foule pour rejoindre le haut du village. Autour de nous, des cris, des pleurs, des enfants qui se prennent par la main, certains à pieds nus, d'autres cherchant leurs parents. Des gens accourent de partout et se réfugient comme nous dans les petites terrasses de culture qui surplombent la route et les quelques maisons au-dessous. Nous n'avons pas repris nos esprits qu'une nouvelle secousse nous rappelle les dangers de dame nature en colère. Et qui dit secousse, dit rochers qui se détachent sur un des pans des montagnes fermant cette étroite vallée.

Et depuis cet instant, de longues heures d'attente entrecoupées de grosses frayeurs à chaque nouvelle secousse et roulement de rochers jusqu'au bas de la vallée nous tiennent en alerte. 
La nuit tombante, chacun essaie d'installer des abris de fortune avec ce dont il dispose. Quelques biscuits perdus au fond du sac feront office de souper. Personne n'ose redescendre au village. Nous sommes finalement plusieurs centaines de personnes agglutinées sur les quelques mètres carré de ces différents lopins de terre. 

24 heures séparent le premier gros tremblement de terre de magnitude 7.9 du second de 6.4 dont le centre se trouve cette fois-ci tout proche de notre emplacement.  Les secousses se succèdent.
Les jours passent dans une ambiance particulière. Nous sommes environ une trentaine de touristes formant un intéressant mélange de cultures avec la population locale. Les conditions d'hygiène sont précaires et la nourriture est comptée. Grâce à la générosité de quelques familles locales, qui bien qu'ayant perdu une grande partie de leurs biens, ouvrent grande leur porte (ou ce qui en reste...) pour cuire quelques bols de riz au feu de bois, alors qu'un bataillon de policiers arborent fièrement leurs uniformes pour se prélasser au soleil. Aucune forme quelconque d'organisation n'est mise en place par les officiels pour améliorer quelque peu les abris sommaires et les conditions en matière d'hygiène. Aucune information n'est communiquée de leur propre chef. Une certaine tension commence à monter parmi les personnes présentes. Certaines personnes passent les nuits fraîches sans couvertures, les bébés se blottissent dans les bras de leur maman, une femme accouche au milieu de la nuit et les vieillards se recroquevillent tant bien que mal sous un abri sommaire.
Des blessés, certains dans un triste état, affluent de part et d'autre, ayant vécu, pour la plupart, de bien douloureux moments....Les nombreuses personnes décédées sur tout le secteur jusqu'à la frontière ne sont pas pour le moment pas évacuées et reposent parmi les amas de blocs de rochers. La route d'accès reliant cette vallée est totalement bloquée.

Ce n'est qu'à partir du matin du troisième jour, que nous apercevons un premier hélicoptère de l'armée  venant à la rescousse des blessés les plus graves. Nous assistons dès lors à un triste spectacle de personnes saines se précipitant pour s'assurer une place dans l'hélicoptère. La police a toutes les peines du monde à contenir la foule en délire. Un second hélicoptère apparaît, et une femme avec sa fille et sa petite-fille prennent sans gène place sous le regard complice de la police, alors qu'un enfant dans un état grave se voit sortir à nouveau de l'hélicoptère pour leur laisser la place. Nous pensons vivre un mauvais rêve...mais ce n'est que réalité. Nous sommes totalement en état de choc en voyant repartir l'hélicoptère.
Il aura fallu attendre le quatrième jour, pour enfin voir arriver quelques médicaments et sacs de riz amenés par un hélicoptère de l'armée...

Nous réalisons gentiment l'incroyable chance que nous avons eu de ne pas terminer notre parcours sous un bloc de rocher ou autre...
De retour à Katmandou, nous nous affairons au travers de notre association wwww.butterflyhelpproject.org à venir en aide aux régions les plus touchées, soit à l'extérieur de Katmandou en leur amenant des vivres et de quoi les mettre provisoirement sous abri.

Nous tenons encore à vous remercier de tout cœur pour tous vos précieux messages et pensées que nous transmettons au peuple népalais et tibetain.
MERCI!!














... A plusieurs reprises en rédigeant mon blog, il a fallu se précipiter à l'extérieur pour laisser passer quelques bonnes secousses...la maison comptant désormais quelques fissures supplémentaires...Nous préférons donc dormir encore dehors. Tout est encore très frais dans nos esprits.


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